Procrastination...
En venant en Antarctique, j'espérais enfin lui avoir faussé compagnie... mais après avoir laissé ce blog en jachère deux semaines durant, force est de constater qu'elle m'a suivi jusqu'ici...Qui donc? la flemme pardi!
Les symptômes sont là, la contamination est indéniable, depuis quelques jours je procrastine à tout va...
J'irai bien quérir un remède auprès du toubib mais il semble que lui aussi soit infecté...Attention je fais référence à son blog, car point de vue travail il ne chôme pas: formation des équipes rescue, enquêtes épidémiologiques, petites marie...c'est à se demander s'ils ne logent pas à plusieurs dans ce corps!mhhh.. Oh mon dieu... docteur Jekyll,vous ici?!
Ce qui me rassure un brin c'est que mes chers co-hivernants (cobayes-hivernants) blogueurs sont contaminés eux aussi. Même « Maman » avoue être infectée (cf la gazette de DDU sur le site de l'IPEV) ... seul « HAr-nein », l'un de nos « voyant-nuageologue extra lucide » de la météo résiste à l'épidémie mais pour combien de temps encore?...
Bref, aujourd'hui j'ai décidé de prendre le manchot par les pattes (le taureau est une espèce en voie d'extinction en Antarctique...! il reste bien quelques bœufs sur l'ile des pétrels mais c'est tout! ) et de vous faire partager quelques nouvelles, bien calé dans le hamac du séjour, entre deux tournées de pain à défourner.
Depuis le départ de l'Astrolabe il y a... quelques jours ou semaines (désolé je perds la notion du temps), nous ne sommes plus qu'une soixantaine sur le rocher. Les bouclages de valises ont été un peu précipités pour certains, la faute au mauvais temps qui empêchait l'avion de transférer les gens de la base Concordia jusqu'au bateau.La principauté de DDU a tranché et s'est vue contrainte d'expulser a regret (encore que..!;-)) quelques uns de ses estivants un peu plus rapidement que prévu. Des personnes devant initialement rentrer avec R3 ont embarqué sur le bateau (R2) pour combler les places vacantes.
Des larmes (ou peut être des gouttes de transpiration) ont perlé sur quelques visages au moment des adieux, puis l'Astro a largué les amarres et lentement s'est effacé dans la brume...tel un célèbre gorille...
Pas d'humidité intempestive sur mon visage lors du départ, la baisse d'effectif présent sur la base me permet de sortir de ma cuisine et de m'intéresser aux activités des autres iliens.
Le bateau parti j'ai ainsi pu m'adonner aux joies de la navigation côtière en antarctique. Pas sur un dériveur (que j'aurais bien aimé emmener dans mes malles) mais sur le seatruck, un bateau moteur à fond plat qui ressemble à une plate d'ostréiculteur.
La mission du jour consistait à observer les fonds marins sur une zone bien déterminée situé à quelques miles au large de l'ile des pétrels à l'aide du « ROV », un sous-marin jaune (qui aurait appartenu aux Beatles paraît il) équipé d'une caméra.
Une fois en marche les images du ROV sont retransmises sur un écran situé dans la cabine du seatruck.
N'avez vous jamais fait ce rêve étrange? Celui durant lequel,alors que vous êtes affalé comme un gros morse dans votre canapé et que vous somnolez devant une redif des aventures du capitaine Cousteau, un vortex se crée sur votre écran plat HD ready full surround qui prend la moitié du salon (;-)) et vous aspire comme une vieille cacahuète en son sein. Vous vous retrouvez alors catapulté dans le téléviseur, sur la calypso, aux cotés du grand Jacques (pas le Brel, l'autre)... non? Benh c'est pourtant un peu la sensation que j'ai eu lorsque je me suis retrouvé à bord du seatruck ce jour là!
Devant l'écran les scientifiques en charge du programme commentaient les images en temps réel … c'est intéressant de voir ce qui vit au fond de l'eau: des algues, des crevettes quelques trucs qui ressemblent à des pétoncles aussi.. le tout avec des noms à coucher dehors, que je n'ai pas retenu évidemment!
Nous voguions paisiblement entre les icebergs lorsqu'un bruit hystérique émis par l'un des bonhommes vint me perforer le tympan et me chatouiller mon reste de cervelle.
« Là!Là! Là! Regardez! »... intrigué je me rapproche alors de l'écran m'attendant, étant donné l'intensité du son produit par le monsieur, à y découvrir au minimum une colonie de « snorkis » ou bien Arielle la petite Sirène en train de se faire une belote avec le captain némo, mais non rien de tout ca.... sur l'écran apparait toujours le même champs de vase jonché d'algues tristes et peu ragoutantes.
Mais alors pourquoi a t il crié comme ca le scientoliste?... pour ces algues justement, ou plutôt pour ce qui se cache dedans: une sorte d'araignée de mer microscopique qu'il est paraît-il rare de pouvoir observer dans son milieu naturel. Au final l'enthousiasme pour ces petites choses s'avère communicatif, et peu à peu on en oublierait même le froid humide de cette mer qui pique le visage, engourdit les mains et donne la goutte au nez...
C'est décidé, à mon retour je m'offre l'intégrale des aventures du capitaine Cousteau!
Un autre jour j'ai eu le plaisir d'accompagner Zophie, l'une des zoziothologues hivernantes (et blogueuse procrastinatrice!), dans sa manip' quotidienne.
La mission consistait à crapahuter au sommet du mont Rose, une forbidden zone ornithologique où nichent beaucoup d'oiseaux, et de retrouver certains poussins de « damiers du cap » pour leur faire subir une petite série de mesures (longueur du bec, du tarse, des ailes et poids total).
Petite balade sympathique et instructive qui m'a notamment permis de découvrir des odeurs jusqu'ici inconnues (celle du vomi de pétrel essentiellement! )...je me demande si les oiseaux de DDU ne sont pas à l'origine de l'expression « puer du bec »!
coucher de soleil au sommet du mont rose
le mont Rose à droite, derrière l'ancien hall fusées
Côté pâtisserie:
Cette semaine en faisant l'inventaire des matières dont je dispose pour l'hivernage j'ai découvert une nouvelle « cache » de Prunidor dissimulée derrière les boites de compote...
Allez hop: 25 kg supplémentaires...je tenterai bien d'en envoyer quelques boites en orbite grâce aux ballons météo mais il y a peu de chances que cela fonctionne. Par conséquent, si vous avez des recettes à base de crème de pruneau je suis preneur!
Les hivernants sont comme les manchots adélie: beaucoup sont nés en début d'année.. Ainsi ce week end nous fêtions la naissance du petit « Si Le Vin » (toujours dans un soucis d'anonymat je modifie les noms...), notre précieux chef de centrale, qui m'avait commandé des charlottes aux fraises en dessert.
L'été étant la saison des fraises, j'ai donc fait un petit tour au jardin pour en cueillir quelques unes.
Le « jardin » c'est la réserve patisserologique* négative (-20 °C). On y cueille des fraises, des myrtilles, des groseilles, des prunes, etc ... le tout déjà conditionné en bogues plastique de 2kg... On y trouve même des œufs en briques (d'une origine bien mystérieuse car je n'ai toujours pas découvert les poules qui les pondent)! Bref, mon jardin c'est « un jar-din ex-traor-dinai-re ...»....